Long, c’est long
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais quand je lis un livre qui appartient à une série et que le tome suivant n’est pas encore disponible, ça ne me dérange pas d’attendre. C’est pas comme si on manquait de quoi s’occuper, de nos jours.
Il y a évidemment des cas extrêmes où l’attente se fait si longue qu’il devient nécessaire de relire les premiers livres pour se rafraîchir la mémoire. J’ai commencé à faire ça avec la série du Trône de fer, par exemple. Je lis quelques pages par-ci par-là en parallèle d’un autre bouquin.
J’ai du mal à croire que j’avais quinze ans quand j’ai découvert cette série.
J’en ai aujourd’hui trente-quatre et je me demande parfois si je lirai la fin avant que l’auteur ou moi ne mourions.
Je suis partagé sur le sujet.
Étant auteur moi-même, je sais comme il arrive que ce soit difficile de garder la foi, de continuer d’avancer, un mot après l’autre, alors je ne cautionne pas ces commentaires parfois violents de gens qui réclament la suite comme des enfants pourris gâtés, sans avoir la moindre idée de la galère que ça peut être d’écrire, même si on a du succès.
À côté de ça, George R.R. Martin était déjà un auteur raisonnablement expérimenté quand il a publié le premier tome de sa série.
J’ai tendance à trouver sa lenteur peu professionnelle, surtout pour quelqu’un qui vit de l’écriture, et qui n’a eu de cesse d’en vivre mieux, à force d’un succès toujours plus important.
Et puis, merde, qui lui demande d’écrire des pavés de deux mille pages à chaque fois, hein ?
Je me contenterais volontiers de moins, plutôt que de devoir attendre dix ans entre deux tomes.
Mais je digresse.
Martin est un grand auteur et sa série compte parmi mes livres de cœur.
Quant à moi
Partant de là, je me suis logiquement dit que la chose à faire après avoir terminé Horizon Obscur, c’était d’attaquer le deuxième tome.
Je me suis donc lancé dans la planification (urg, je hais ce passage) et, quand le plan m’a semblé suffisamment complet (il est rare que je le crée d’un bout à l’autre. Souvent, je vais le plus loin possible, puis je commence à écrire, et je complète/modifie le plan en cours de route), j’ai commencé la rédaction.
J’ai écrit un paragraphe.
Celui-ci :
S’il était raisonnable de croire qu’un homme qui vous appelait « paczki* » à tout bout de champ ne vous détestait pas, le doute restait permis quand cet homme, l’adjudant Mieszko Borowski, vous tirait dessus à la mitrailleuse en vous insultant avec entrain. Les balles avaient beau ne pas être létales, ça faisait quand même un mal de chien quand elles touchaient les parties non protégées de votre corps.
*beignets.
Vous aimez ? J’espère que non. Parce qu’on m’a conseillé de ne pas partager de contenu incomplet, ce serait frustrant.
J’avais bien l’intention d’écrire la suite, et puis…
je me suis mis à faire ce qu’un professionnel comme moi (censément) ne devrait pas faire… : j’ai écouté l’appel de Procrastiner.
Ouais.
Quand je suis revenu sur mon texte, j’ai été pris par d’autres impératifs : zoner sur Facebook, sur Instagram, ranger mon bureau, mes onglets, enchaîner les vidéos YouTube (allez, encore une petite et puis je m’y mets)…
Procrastiner. Lui-même flanqué de ses potes Doute et Syndrome de l’Imposteur.
Et puis, surtout, je sortais à peine du premier tome.
Certes, je n’allais pas parler des mêmes choses, et je n’allais pas forcément reprendre tous les personnages, mais ça restait le même univers, les mêmes têtes.
J’avais envie de m’aérer l’esprit, de partir sur un projet différent.
Mais je ne pouvais pas. Je ne devais pas.
On en était là, oui. Je ne devais pas, parce que les gens attendraient le deuxième tome rapidement, que ce n’était pas pro de se consacrer à autre chose tant que la série n’était pas terminée.
J’ai alors reçu un mail providentiel d’une autrice dont je suis le travail, Cécile Duquenne. Cécile y disait que, en gros, un auteur ne devrait pas avoir à se forcer.
Écrire, c’est parfois dur, certes, mais c’est une erreur de voir cette activité sous le prisme de la contrainte.
Que quelqu’un comme elle, qui a déjà quelques publications et des séries en cours le dise, ça m’a convaincu de prendre cette fameuse pause dont j’avais besoin.
J’ai donc décidé de partir du principe que mes lecteurs ne sont pas des fous furieux, mais des gens équilibrés qui comprennent qu’ils auront la suite, en son temps, et que j’ai besoin de souffler (en plus de ça, je suis un auteur indépendant, bon sang, indépendant, aucun contrat d’édition ne m’oblige à écrire tout le machin d’une traite, jusqu’à ce que j’en vienne à détester ce que je suis censé aimer).
Bon, rassurez-vous quand même, si vous lisez (un jour, on y croit) Horizon Obscur et que vous voulez la suite, je ne ferai pas mon George Martin sur ce coup-là, promis.
Oui, mais non
J’avais donc commencé à retravailler ce bouquin (actuellement, ça s’appelle Soldats de fer) écrit avant Horizon. Un bouquin que j’aimais beaucoup, plus rock ‘n’ roll qu’Horizon, et qui avait eu de bons retours (quoique négatifs, essentiellement parce que SF militaire) des éditeurs à qui je l’avais envoyé.
Face aux refus, je l’avais laissé tomber, ainsi que sa suite mise en chantier, plutôt déçu.
Mais puisque maintenant l’éditeur, c’est moi, j’y suis revenu avec plaisir.
Du moins jusqu’au premier chapitre.
Oui…
Parce que l’idée m’a traversé que j’avais, en fait, envie de raconter l’histoire de Sam (le héros), de ses débuts en tant que recrue de l’infanterie jusqu’à un grade beaucoup plus élevé. Un peu comme Harry Potter, mais avec moins de magie et plus de flingues.
Super ! J’avais donc commencé à créer un nouveau plan.
Que j’ai dû laisser de côté pour l’heure parce que…
Je travaille sur autre chose !
Ça a un rapport avec l’écriture, mais ce n’est pas une fiction.
Et là…
Je ne sais pas pour vous, mais personnellement, ça m’ennuie toujours quand quelqu’un dit « je travaille sur un truc, mais je ne peux pas vous dire de quoi il s’agit, à suivre. »
Pourquoi en parler si on ne peut pas en parler ?
En fait, j’en ai parlé… à mes lectrices et lecteurs privilège. Je considère qu’il est un peu tôt pour dévoiler plus largement ce genre d’info.
Allez, faites pas cette tête !
Pour me faire pardonner, je suis prêt à vous offrir le même cadeau que celui qu’ils ont reçu avec mon message, à savoir le premier chapitre revu de l’ancien premier tome de Soldats de fer, qui devrait normalement devenir le deuxième tome.
Édition du 24/06/2021 : Désolé, il n’est plus possible d’obtenir ce texte ! Mais il vous est toujours possible de rejoindre les troupes pour ne rien rater à l’avenir !
Olivia Billington
8 décembre 2020 - 17:04 ·Moi je saiiiiiiiiiiiiiiis ! 😀 😛
Thomas Baronheid
8 décembre 2020 - 20:03 ·Eh oui 😉