Écrire… et publier

Les débuts

J’en ai parlé dans cet article, j’écris avec sérieux depuis mes quinze ans. Très tôt, je me suis détaché de la simple envie d’écrire pour le plaisir, pour moi, voire pour ma famille, et il m’est rapidement apparu comme allant de soi qu’écrire devait s’accompagner d’une volonté : celle de publier.

De mes premiers manuscrits de fantasy en passant par l’horreur et la science-fiction, je n’ai jamais abandonné cette idée. Publier chez un éditeur, c’était la reconnaissance, enfin ! Être adoubé écrivain par des professionnels et me détacher de la masse des apprentis.

C’était mon rêve.

Un rêve qui semblait à la fois si près et si loin de s’accomplir.

Car j’avais beau parvenir à publier des nouvelles, signe que je devenais toujours meilleur auteur, convaincre grâce à un roman m’échappait encore et toujours.

Une succession d’échecs d’autant plus rude qu’écrire un roman m’avait toujours demandé beaucoup de temps, entre un an et un an et demi.

Je ne le réalisais pas à l’époque, mais à force de recevoir des refus d’éditeurs, arrivant souvent après six mois à un an et soit sous forme de lettre type ou avares de détails, je commençais à devenir blasé.

Écrire restait un plaisir, la plupart du temps, mais écrire et envoyer mes manuscrits en sachant qu’ils seraient probablement refusés était devenu une fatalité ; je m’étais transformé en Sisyphe, condamné à pousser une pierre en haut d’une montagne pour la voir dégringoler… et redescendre pour recommencer.

Blasé.

À un point tel que, lorsque quelqu’un acceptait de publier l’une de mes nouvelles ou que je recevais un avis positif, ça ne déclenchait plus chez moi qu’une vague satisfaction éphémère.

Oui, oui, c’était très bien, merci beaucoup, mais, moi, je continuais à pousser ma pierre. Faire en sorte qu’elle reste au sommet, c’était tout ce qui comptait vraiment, mon obsession.

Car en plus de ça, j’ai un côté rigide : face à une difficulté dans un domaine qui m’intéresse, je m’entêterai afin de parvenir à la surmonter, qu’importe le temps que ça prendra. La contourner ? Laisser tomber ? Impossible, c’est ce que font les gens sans volonté. Je ne suis pas comme ça.

Rigide.

Et ce n’est pas tout…

Combinez ce trait de caractère avec un manque de confiance en soi qui pousse à rechercher l’approbation d’un professionnel dans le domaine qui me passionne… et vous comprendrez pourquoi ce n’est que maintenant, à l’aube de mes trente-cinq ans, que j’ai cessé de voir l’autoédition comme la voie de la dernière chance, des auteurs ratés.

Aujourd’hui, je suis en paix avec ma décision.

Car si j’ai tendance à m’entêter, il semble – fort heureusement – que je sois aussi capable de prendre du recul et de réfléchir. Certes, ça peut prendre du temps… mais j’ose espérer qu’il n’est pas trop tard.

Bon, c’est un peu mort pour ce qui est de devenir l’adolescent écrivain publié le plus jeune du monde, comme je le fantasmais parfois (snif snif), mais pas pour lancer une carrière.

Une carrière dont le succès dépendra essentiellement de moi. 

Mais même si j’ai perdu du temps à tenter de m’insérer dans un moule qui ne collait pas à ce que j’étais, ces années passer à écrire inlassablement furent formatrices, je ne les regrette pas.

Maintenant, face à ce nouveau chemin, je me sens plus confiant, fort de mon expérience, je sais que je n’ai plus besoin de la validation de quiconque dans le milieu du livre pour reconnaître que je suis écrivain.

Tout est au poil, alors ?

Est-ce pour autant que je ne doute plus ? Houlà, non. Je crois que je douterai toujours, et que les retours positifs ne me rassureront que partiellement. Mais bon, ça, c’est inhérent à ma qualité d’artiste.

Ça craint, mais mieux vaut sans doute manquer d’assurance et tâcher de continuer à s’améliorer que d’être trop persuadé de son talent et ne jamais se remettre en question.

Quant au fait d’être blasé… malheureusement, poursuivre le rêve de l’édition traditionnelle pendant aussi longtemps a laissé des marques et, à l’heure actuelle, je suis encore bien en peine de trop me réjouir d’une critique positive ou d’un retour enthousiaste… un peu comme si je cherchais encore ma pierre à pousser et que j’estimais que ces compliments sont certes appréciables, mais ne me concernent pas vraiment, que j’ai un objectif à atteindre… alors que je l’ai atteint.

Je l’ai atteint.

Il est là, sous mes yeux, sur mon bureau : un exemplaire papier de mon roman publié.

Je mentirais si je disais que le tenir pour la première fois ne m’a pas remué l’âme.

Ça l’a fait. Pas longtemps, mais ça l’a fait. Après quoi, je l’ai examiné dans tous les sens pour voir s’il ne restait pas des défauts.

Oui, on peut dire que courir après ce rêve d’édition et enchaîner les refus m’a « volé » une bonne partie de l’émerveillement que tout auteur, sans doute, ressent quand il a en main son premier livre…

Je me suis aguerri « à la dure », à coups de refus plutôt que de publications, et quand il en arrive finalement une, je le vis avec le recul d’un vétéran.

Dommage, mais de cette période, je préfère garder en mémoire ce que j’ai gagné plutôt que ce que j’ai perdu.

Et puis, j’ai envie de rester optimiste, de croire que je finirai par « m’en remettre » et par apprécier publications et retours positifs à leur juste valeur.

Ne pas regarder en arrière

Ce long chemin pour en arriver ici, à Horizon Obscur.

D’abord une idée, que j’estimais à l’époque ne pas être en mesure de traiter efficacement par manque d’expérience, puis des personnages, une histoire. Un manuscrit de plus de 600.000 signes, moi qui n’étais jamais parvenu à atteindre les 500.000 et qui désespérais un peu d’y arriver (500.000 c’est considéré comme le format standard d’un roman dans les genres de l’Imaginaire), commencé en mars 2018 et terminé en novembre 2019.

Un roman qui représente le premier pas dans une nouvelle direction, laquelle s’annonce, mine de rien, plutôt excitante, tant elle est riche de possibilités…

Plus besoin de garder en tête la loi du marché, de mettre un projet passionnant de côté au profit d’un autre car potentiellement plus intéressant pour tel ou tel éditeur, ou plus vendeur car traitant d’un thème à la mode.

Je ne vendrai peut-être pas mes bouquins à des milliers d’exemplaires, mais rien que le fait de savoir que chaque manuscrit que je vais désormais écrire sera publié, que l’incertitude, que l’attente interminable d’un retour d’éditeur sont dorénavant des souvenirs, ça redynamise énormément mon moral.

Évidemment, ce n’est pas pour autant que je vais maintenant me permettre de vous proposer des textes dont tous les aspects ne seront pas travaillés et retravaillés avec un haut niveau d’exigence et au mieux de mes capacités… car depuis que j’écris, ça m’a toujours tenu à cœur, et ça ne changera jamais.

Alors j’espère que vous aurez envie de me rejoindre dans cette aventure.

 À bientôt, quelque part en chemin.

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